Ils sont tout petits, ils sont tout mimi, on sait jamais lequel choisir… non, je ne parle pas de chatons ou de chiots, mais bien des traits et des tirets 😅. Le trait d’union Également appelé « tiret du six », le trait d’union est utilisé pour : former les mots...
La musique des mots
L’euphonie
C’est l’harmonie des sons. C’est le contraire de la cacophonie. En premier lieu, on pense à la musique, à ses notes et ses mélodies, mais les mots aussi ont leur musique. En linguistique, l’euphonie est donc l’harmonie des sons au sein d’une phrase. Si c’est quelque chose qui peut paraître évident à l’oral, c’est également important d’y être attentif à l’écrit. En effet, il y a deux modes de lecture : la lecture graphique, et la lecture en subvocalisant.
Dans le premier cas, l’information passe de l’œil au cerveau : l’œil reconnaît la forme du mot et le cerveau le comprend directement. C’est une méthode utilisée pour la lecture rapide. Dans le deuxième cas, on prononce les mots dans sa tête. C’est le mode de lecture le plus répandu, et quand je lis en silence, je vous garantis que « j’entends » les hiatus. Pour ceux qui ne connaissent pas les hiatus et n’en ont donc pas conscience, cela influe sur la fluidité de leur lecture sans qu’ils puissent expliquer pourquoi.
Et quand je lis un roman, je n’ai pas envie de lire vite. J’ai envie d’apprécier le texte, les mots, de me plonger dans l’univers et dans le style. Ça passe pour moi par la subvocalisation, parce que j’apprécie un style notamment lorsqu’il est euphonique.
Quelques figures de style qui jouent avec la musicalité
L’allitération et ses dérivés
C’est la répétition d’une même consonne (ou de plusieurs) dans des mots qui se suivent : « Triton trottait devant, et tirait de sa conque, des sons si ravissants qu’il ravissait quiconque. » Victor Hugo.
L’allitération suprême consiste à trouver un son en rapport avec le thème : le fameux « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » de Racine, dont le son [s] est caractéristique des serpents qui sifflent, ou encore « Oh ce cri de la craie qui crisse lorsque j’écris ! » de Chantal Grimm, dont le son [kr] est caractéristique de la craie qui crisse.
Dans le tautogramme, la consonne doit se situer au début de chaque mot : « Mazarin, ministre malade, méditait même moribond malicieusement mille maltôtes. » Louis de Court.
Pour la paréchèse, il s’agit de répéter des syllabes : « Il y a tant et tant de temps que je t’attends. » Barbara.
L’assonance
C’est la répétition d’un son vocalique (relatif aux voyelles) dans une phrase : « Tu as eu vent de cet enfant, Sullivan ? Effarant, non ? » (Léon le caméléon dans Monstres et Compagnie) Oui, on a les sources qu’on mérite.
L’homéotéleute
C’est la répétition d’un même son à la fin des phrases : « Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante… » Marquise de Sévigné.
Le kakemphaton
C’est la figure par laquelle on joue sur la sonorité de mots qui s’enchaînent : cuisinant six flans (en sifflant). Pas de crédit pour celle-ci, elle est de bibi ! (Hop une petite assonance au passage.)
L’hiatus
Dans chaque correction vient le moment où l’auteur lit dans mes commentaires : hiatus. En linguistique, un hiatus est la rencontre de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, comme dans les mots aorte ou créer ; voire à deux mots différents, comme dans « à Amsterdam ». Quand on a une consonne finale muette, il n’y a pas de rencontre de voyelles à l’écrit, mais à l’oral : je vais à Paris (è/a).
L’hiatus n’est pas une faute, mais il participe à la musicalité du texte. Certains n’accrochent pas l’oreille, d’autres oui. Pour améliorer le texte, je recommande de lire la phrase à voix haute pour décider s’il faut supprimer ou non l’hiatus.
Pierre est gentil, et est mon ami. (Magnifique phrase s’il en est. Je suis nulle pour inventer des exemples.)
« et est » est un hiatus, et ce n’est pas très agréable à l’oreille.
Dans ce cas, je propose la répétition du sujet ou de son pronom : Pierre est gentil, et il est mon ami. (La phrase est toujours pourrie, mais au moins elle est plus fluide 😂)
On peut faire une liaison :
Je vais [z’]à Paris.
On peut faire une élision. Une élision, c’est le remplacement d’une voyelle de fin par une apostrophe devant une autre voyelle ou un h muet.
Ce est = c’est.
Parfois, on ne peut pas régler l’hiatus avec une élision. On va donc ajouter une lettre dite « euphonique » (= qui produit l’euphonie, donc l’harmonie).
Les euphonies obligatoires :
- À l’impératif, avec le s : mange ça, mais manges-en.
- Lors de l’inversion d’un verbe et de son pronom, avec le t : approuva-t-il.
Les euphonies facultatives :
- Avec un l, devant on : si l’on veut.
Pour préserver l’harmonie des sons d’une phrase, certains adjectifs changent de forme quand ils précèdent des mots commençant par une voyelle ou par un h muet.
Cinq adjectifs ont une forme euphonique : beau, fou, mou, nouveau et vieux. Ils deviennent respectivement bel, fol, mol, nouvel et vieil quand ils sont utilisés comme épithètes devant un nom qui commence par une voyelle ou un h muet : un bel ami, un nouvel habit, un vieil homme…
C’est également le cas des adjectifs possessifs ou démonstratifs : ma maison, mais mon école. Ce tronc, mais cet arbre.
Les fausses liaisons
Les hiatus, les liaisons et l’existence de lettres euphoniques ont parfois une drôle de conséquence : les fausses liaisons. Elles se nomment pataquès, cuir ou velours, et derrière ces jolis noms se trouvent trois fautes de prononciation.
- Le pataquès inverse les liaisons t et z : « il devrait [z’]être là » au lieu de « il devrait [t’]être là ».
- Le cuir ajoute un t là où il n’y en a pas : « il s’en va [t’]à école ».
- Le velours ajoute un z inexistant entre deux mots : qui n’a jamais prononcé « quatre [z’]habitudes dont il faut se débarasser. » ?
Voilà un petit tour d’horizon de la musique en littérature. Si vous voulez bénéficier de mon expertise sur votre texte, c’est possible !
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