Comprendre la facture du correcteur : où va votre argent ?

18 Juil 2024 | Mes outils | 0 commentaires

Vous êtes à la recherche d’un correcteur pour votre roman, et vous comparez les prix. Normal. Dans l’idéal, vous aimeriez que ça ne vous coûte pas trop cher. Normal. Vous recevez vos devis et là, stupeur ! Une offre à 600 € (gloups, va falloir casser le PEL) et l’autre… 1200 € ?! Mais il est fou lui ! Vous voulez comprendre ce qui se cache derrière la facture de ce correcteur ?

Parce que cette offre à 1200 €… c’est sûrement moi. Alors je vais vous expliquer pourquoi.

Je facture 30 € de l’heure. À 40 heures par semaine, ça fait 4800 € par mois => de quoi les correcteurs se plaignent-ils donc !

Mais non, ça ne marche pas comme ça, snif. En général, dans une journée j’ai 5 heures facturées et 3 heures non facturées (administratif, communication, échanges avec les auteurs…). On tombe donc à 19 € brut de l’heure travaillée, et mon chiffre d’affaires est partagé selon ce joli (si si, c’est moi qui l’ai fait !) diagramme.

Diagramme qui détaille les coûts d'un correcteur professionnel. Le salaire représente 40%, 23% vont à l'URSSAF, 25% restent en trésorerie et les autres charges représentent 12%.

Dans « autres charges » sont compris : les logiciels et applications, les formations, la publicité, le site internet, les événements professionnels, la cotisation foncière des entreprises… En cas de difficultés, je coupe dans ces coûts, mais si je peux me permettre, je participe à des événements (des salons, des rencontres entre correcteurs, des journées d’information comme celle que j’ai faite il y a peu sur les enjeux de l’intelligence artificielle dans le milieu culturel) et surtout, je continue de me former (cette année, je mets l’accent sur les formations en techniques narratives, pour améliorer mes compétences de bêta-lectrice).

La trésorerie, elle, est là en prévision des baisses de charge de travail : ça me permet de lisser mes revenus et donc de me verser le même salaire chaque mois quel que soit mon chiffre d’affaires. Mais aussi des vacances, des jours de maladie, des imprévus… En tant que freelance, j’ai zéro sécurité. Pas de travail = pas de revenus.Capture d'écran du film "Astérix et Obélix, mission Cléopâtre".En me rémunérant à ma juste valeur, vous me permettez de vivre décemment et de continuer à proposer des services de qualité. Si vous trouvez une offre disons deux fois moins chère, il y a plusieurs cas de figure :

  • Le prestataire travaille deux fois plus vite que moi. Or, la vitesse est l’ennemi de la qualité dans ce métier. Dans l’édition, il y a des cadences standard qui s’expriment en signes espaces comprises par heure (sec/h)*. Je chronomètre toutes mes sessions de correction et je contrôle mes vitesses de travail. Chaque fois que j’ai essayé d’aller plus vite, peine perdue. Je me suis dit que j’étais peut-être pas assez efficace, alors j’ai lu un ouvrage corrigé par un collègue beaucoup plus rapide que moi, pour comparer. Rien que sur le premier tiers du roman, j’ai relevé 26 erreurs indiscutables (dont 9 de typo, 9 d’accords et d’homophones, et 8 ponctuations finales manquantes). Des choses évidentes, que cette personne connaissait forcément. Mais quand on avance trop vite, c’est biologiquement impossible de faire du bon travail (le cerveau va plus vite que l’œil – et le cerveau est trompeur !). Alors je ne suis pas parfaite non plus, mais j’espère que je n’en loupe pas plusieurs dizaines…
  • Le prestataire travaille bien, à une cadence standard, mais ne peut pas se tirer un revenu convenable de son activité. Il pratique des prix bas ou accepte des baisses de prix pour rester compétitif, mais il n’est pas rentable. Dans ce cas, on peut se questionner sur l’éthique de ces conditions de travail (#metierpassion => vous le savez, vous auteurs, vous êtes les premiers touchés !).
  • Troisième possibilité : la correction n’est qu’un revenu complémentaire pour ce prestataire et il n’a pas forcément conscience des réalités économiques pour ceux qui en vivent. C’est ce qu’on appelle une concurrence déloyale.

La correction est une prestation onéreuse, car elle prend du temps (et demande une réelle expertise). En tant que client, vous avez le pouvoir de mettre votre argent au service de valeurs et d’idéaux forts. Bien sûr, il y a certaines réalités économiques qu’on ne peut ignorer. Vous avez certainement la volonté, mais pas forcément le budget : faites au mieux selon votre situation.

La rémunération des auteurs est aussi un vrai problème, mais plutôt que de chacun tirer les prix des autres vers le bas, œuvrons ensemble pour une rémunération plus juste de toute la chaîne ! En tout cas, j’espère que cet article vous aura permis de mieux comprendre les tarifs d’une correction professionnelle.

 

* Elles ne sortent pas de nulle part : plus d’info sur le site de l’ACLF.

 

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Je suis Emmanuelle

…et j’ai plus d’une corde à mon arc pour vous accompagner dans votre aventure éditoriale : correctrice, bêta-lectrice et maquettiste, je travaille autant au service d’auteurs que de maisons d’édition.

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